La pièce de Mireille Bailly questionne le regard que l’on porte sur les personnes âgées, sur la transmission de nos aînés, mais surtout il questionne la place et la puissance de l’imaginaire.
Cette fiction est une histoire de famille. Il y a trois sœurs et leurs parents, la vieille Bianca et le non moins vieux Oskar Patersonne. Tous deux sont artistes de music-hall. Ils sont à la fin de leur vie, la mort est à leur porte ; la Mère a subi une opération à cœur ouvert, le Père désorienté sans elle la rejoindra bientôt à l’hôpital. Une femme étrange et bienveillante rôde et accompagne silencieusement le déroulé de l’histoire.
L’action se situe dans différents lieux : dans une chambre d’hôpital, dans la maison des parents et enfin au funérarium.
Au début, il y a des échanges parfois très terre à terre entre les filles. Petit à petit on découvre la vie des parents, les difficultés d’une vie faite de choix radicaux mus par la nécessité et la passion. Il y a les conséquences tantôt positives tantôt négatives de ceux-ci sur leurs enfants. Il y a des disputes entre ces trois sœurs aux caractères bien trempés. Et vers la fin, sur fond de music-hall, une grande déclaration d’amour d’Oskar à Bianca. La chambre d’hôpital se métamorphose alors en un lieu de poésie et d’imaginaire.
Ce texte est un peu cruel, comme la vie, mais il est aussi ludique et drôle car l’autrice cherche à ce que l’émotion surgisse aux détours d’une dispute ou d’un fait anodin. Elle y interroge la mémoire, la place des personnes âgées dans nos vies, dans notre société et aussi la place de l’artiste. La pièce remet en lumière cette question « ne dit-on pas d’un vieux qui meure que c’est une bibliothèque qui disparaît ? ».